Le Prix Futur du CCA, qui récompense les artistes innovants dans l’art fusionnel, organise une exposition dédiée à sa première lauréate Ayoung Kim. Ayoung Kim se distingue au niveau mondial pour ses œuvres uniques qui transforment les macro-récits de migration, de capitalisme et d’idéologie d’État en narration spéculative, marquée par l’archéologie, le futurisme et la science-fiction. Son exposition à grande échelle présente une vidéo multicanale et une installation utilisant des graphiques informatiques issus de moteurs de jeu et de l’intelligence artificielle générative. Elle met en lumière de nombreux systèmes de calendriers traditionnels et visions du monde qui ont disparu avec la modernisation occidentale. Chaque culture possède ses propres systèmes de mesure du temps et calendriers, qui reflètent son histoire et sa philosophie, mais aujourd’hui, le calendrier grégorien est utilisé comme norme dans le monde entier. Cette standardisation est liée aux interactions entre l’impérialisme et les pouvoirs politiques, qui ont été renforcées par la modernisation et la mondialisation. L’artiste coréenne explore les cosmologies et systèmes temporels traditionnels de diverses cultures en voie de disparition avec la modernisation occidentale, afin de les transformer en art contemporain.
Ernst Mo et En Storm, les deux protagonistes de son film Delivery Dancer’s Sphere qui étaient enfermés dans un labyrinthe de temps délayé et de GPS conduisant à Séoul, se retrouvent désormais dans une nouvelle ville virtuelle. En livrant des artefacts contenant des conceptions temporelles d'un passé prétendument disparu, elles explorent les conflits et les tensions entre différentes visions du temps et des mondes. « Arc » évoque la temporalité empruntant les courbes et les arcs des cadrans solaires et des plaques de calendrier. Il désigne le passage entre l’espace-temps, l’histoire humaine et les espaces d’évasion. « Inverse » fait référence au temps physique ou à une relation inverse. Il suggère que la course effrénée à la vitesse crée un espace-temps alternatif, où de nombreux petits mondes existent parallèlement les uns aux autres. Cette transformation du temps relie l’espace et le temps, faisant disparaître les visions traditionnelles. Elle ouvre ainsi la voie à un examen des relations de pouvoir engendrées par la modernisation occidentale.
Ayoung Kim explore activement le monde futur en utilisant l’intelligence artificielle. Le résultat du calcul d’un système d’IA n’est pas seulement un futur imaginé, mais aussi un futur calculé en permanence. Les repères du calendrier antique apparaissent comme des indicateurs du futur, nous conduisant vers un monde virtuel déterritorialisé qui adopte une rhétorique futuriste. L’artiste développe l’hybridité de l’espace et du temps, les subtils conflits psychologiques entre les deux protagonistes, les erreurs et les failles du monde virtuel dans une narration fragmentaire et spéculative, en utilisant des algorithmes et de techniques de montage qui brisent la causalité. L’exposition tente de transcender le temps et l’espace pour relier des entités apparemment sans rapport, et nous invite à repenser notre vision du temps et de l’espace, ainsi que les relations de pouvoir culturelle et historiques entre l’État, la politique et la religion liées à la modernisation. Elle offrira l’occasion de déambuler dans un labyrinthe d’espace et de temps qui se multiplie à l’infini, élargissant vos horizons avec de nouvelles expériences et sensations inédites.